Tuesday, November 27, 2007

Berlin. 72 hours. No sleep.

Jeudi 22 novembre

Dans l’avion, une jeune fille se lève. Elle aborde l’hôtesse de l’air pour savoir si elle peut garder son portable allumé. Elle a oublié son code pin. La réponse est non. Elle se rassoit. Elle n’aura plus de téléphone. Berlin.

22h - Intersoup à Prenzlauer Berg. Bar, club, resto, on ne sait plus trop. Les jeunes berlinois, s’assoient sur les canapés vintage, discutent, fument et mangent soupes thai et dim sum. Certains se préparent pour une grosse soirée, d’autres estiment que c’est leur grosse soirée. Rien ne presse. On est bien, au fond de ces canapés, à observer l’atmosphère lynchienne de ce bar décalé. L’enchaînement de radio on/off peut surprendre, mais on s’y fait. Les musiciens du club au sous sol montent jouer une chanson, une version folk de working class hero de John Lennon. Ils veulent qu’on descende. Car ils sont tous seuls à jouer en bas, dans le club –club c’est beaucoup dire, cave où les canapés ont pris la place du dancefloor. C’est gratuit répètent-ils. Mais personne ne descend.
www.intersoup.de


00h - White Trash Fast Food à Prenzlauer Berg. On arrive pour le concert de The Bishops. Ancien resto chinois converti en club. Temple de l’indie rock à Berlin, petit club intimiste au plafond voûté. Le bar est caché sur le côté et les barmans protégés par une sorte de grill. Direction vestiaire. Non! c’est un club de rock ici, pas de vestiaire, prend une bière plutôt et pose ta veste sur les banquettes. L’ambiance rappelle le Madame DoJo’s d’autrefois et le style des nanas sort tout droit des friperies de brick lane. Du Londres à Berlin.
www.whitetrashfastfood.com


02h - Cookie’s à Mitte. Le jeudi, c’est une peu le code secret du hype berlinois. Le club change d’adresse tous les six mois, les jours d’ouverture varient et la communication se limite au bouche-à-oreil. Introuvable si ce n’est que pour les quelques jolies filles qui patientent à l’entrée. Pas de porte, pas de noms, juste une physio, assise, dans le froid, sur un tabouret, qui décide si vous passerez derrière le rideau. Assez rangé et peu éclectique, c’est un peu ce que le yuppie new yorkais rêverait d’avoir. Un djoon en mieux et en sous sol. Une grande salle haut de plafond, deux longs bars, et le DJ au milieu. Ca mate, ça se montre, ça bouge. L’homme au chapeau emballe la femme aux lunettes de soleil. Lui, c’est Stern, elle Universal. Merde, qui a dit qu’il n’y avait pas de thunes à Berlin. Deuxième salle. Petite, plus alternative. Le DJ passe du hip pop et ça fume des spliffs. En haut, un restaurant, classe, secret. Le cookie’s cream. C’est nouveau. On demande au DJ quand il passera à la minimale. « I hate that shit » il répond. On s’en va.
www.cookies.ch

Vendredi 23 novembre

00h - Antje Oeklesund à Friedrischain. Difficile de faire plus alternatif que ce bar semi clandestin. Voilà comment il nous a été décrit. « dans Rigaerstrasse, entre dans la cour terrain vague en face du Lidl, tourne sur la droite, passe entre les bâtiments, et rentre dans la maison effondrée » C’est un peu l’ambiance d’un squat, avec un mix d’étudiants, d’artistes fauchés et d’expats enthousiasmés par l’osmose berlinoise. Les groupes, qui jouent sur la petite scène, sont souvent les potes des potes des barmans. Mais en fait ne le sommes nous pas tous ici. Tallons aiguilles, s’abstenir.
www.antjeoeklesund.de

02h - RAW Tempel à Friedrischain. Passage éclaire dans ce petit club typique d’un berlin artistique et ouvert à toutes formes d’expressions: un soundsystem branché sur un générateur dans une ancienne gare de triage. Le résultat est étonnant, les DJ excellents… fort à parier qu’on en entendra parler bientôt des dj du RAW tempel. La faune, hétéroclite, varie en fonction de l’heure. Car le Raw Tempel est ouvert toute la nuit et tous les jours. Ce soir c’est drum&base. On écourte.
www.tapeberlin.de

03h - Maria am Ostbanhof à Ostbanhof. On longe le mur de Berlin. On passe Ostbanhof et on se dirige vers la Spree. Terrain vague puis Hangar. C’est bon, on est bien là. Trash (dancefloor) mais class (fauteuils loungy à l’arrière) le Maria rappelle beaucoup ces clubs de Zurich, le supermarket ou le hive. Pas trop de monde, on circule facilement. Mais le son est très mal réparti. Et le bar n’a plus de redbull ! En backstage (façon de parler, salle super glauque, neuf mètres carrés, éclairé à l’halogène et meublé de deux canapés), on discute avec Leonard de Leonard. Paris c’est bien, Berlin c’est mieux. On est d’accord. Il aime la Java à Paris. On ira donc le voir au Paris Paris le 15 décembre. DJ Mehdi aux commandes. C’est trop violent. On sort.
www.clubmaria.de

05h - Panorama Bar à Ostbanhof. C’est vendredi soir, le Berghain est fermé, y’a pas trop de monde. Il y a une sorte de frontière invisible les 30 dernières mètres. Les taxi s’arrêtent là, l’air de dire, « moi je ne peux plus continuer, je tiens à ma vie ». On marche les 30 derniers mètres. L’ancienne centrale hydro-électrique, aujourd’hui mythique pour tout clubber européen, devient réalité. C’est imposant. C’est la fameuse Cadenza night. Mike Huckaby mixe une électro calme. On s’agite pas trop sur le dancefloor. Non, il semblerait que les orgies dans les alcoves danoises aient pris le dessus sur la danse. On me demande de la coke, on m’en propose. Pas la peine. Les chiottes sont pleines de poudre blanche. Sur le PQ, sur la cuvette, sur la chasse d’eau. Partout. Je m’enferme avec un groupe de trois dans les toilettes. Le glamour trash. Bienvenu à Berlin. Chacun fait ce qu’il veut, tout le monde s’en fout. On ne sait plus quelle heure il est. On reste avec les freaks du panorama. On rate Ellen Allien au watergate et zip au tresor. Le soleil se lève.
www.berghain.de

Samedi 24 novembre

23h - Dr. Pong à Prenzlauer Berg
Et si j’ouvrais un club dans ma cave. Ah non, pas possible, y’a ma table de ping pong. Et j’ai la flemme de l’enlever. Bon, je fais le club quand même. Et voilà l’histoire de Dr. Pong. Un petit comptoir, quelques fauteuils et la salle phare avec la table de ping pong au centre. Bière dans une main, raquette dans l’autre, on tourne autour de la table pour frapper la balle chacun à son tour. C’est vite ennuyeux, mais diable, que c’est alternatif.
www.drpong.net

00h - Klub der Republik à Prenzlauer Berg
L’underground ovreground. On se croirait chez un pote. L’escalier de la cour mène à une grande salle à baie vitrée. Du monde au bar, mais surtout beaucoup de monde sur les canapes. En fait, les seuls debout sont les DJ. C’est l’heure de pointe ; on attend qu’un fauteuil se libère. C’est la règle ici. Les plans pour la soirée tournent et entre table et canape on se fait facilement de nouveaux amis en taxant une chaise. C’est branché, mais juste ce qu’il faut. Oui, ces australiens expats étaient bien au resto japonais à Mitte toute à l’heure. Et c’est comme ça tous les soirs, et jusqu’à 5h du matin. Et merde, même la house est bonne à Berlin. On se prépare.
http://www.berlinatnight.de/locationdetail/703/klub-der-republik.html

02h - Tape à Hauptbanhof.
Le tape est arrivé après la construction de la nouvelle Hauptbanhof, la plus grande gare d’Europe. Quel plaisir pour les clubbers européens de pouvoir descendre de train, marcher cinq minutes, entrer dans ce qui pourrait être le meilleur club d’Europe et ressortir 12h plus tard, complètement déshydraté. Miss Kittin (seule date avec The Hacker à Berlin) et Tobias Thomas jouent ce soir. Y’a du monde, beaucoup de monde. Le club rappelle les clubs de King’s Kross. C’est grand et on s’y perd. Le son est parfaitement équilibré dans la grande salle. Kittin est complètement perchée. Elle est dans son élément. Sur le « minifloor », un DJ mix dans un bocal entre les chiottes. 10 personnes max peuvent y rentrer, mais on est déjà cinquante. Une fille, 1m80, lunettes de soleil et chignon m’aborde « I need pills » ; et sourit. Dans la troisième salle, on revient plus à la réalité. Un grand bar et de l’électro. Ouf, back to normal. Tout d’un coup, c’est la cohue. Miss Kiitin a finie. On ne peut plus bouger. 2000 personnes s’aventurent dans les couloirs large de 2 mètres pour changer de salles. On ne peut plus avancer. Ou est Tobias Thomas ? Je lève la tête. Il est à quinze mètres de hauteur, sur un échafaudage. Et il continuera à mixer là jusqu’au petit matin. La soirée commence. On rentre se coucher.
www.tapeberlin.de

Dimanche 25 novembre

Burger King dégueu, passage express à Copenhague pour faire les provisions en poisson fumé. Dans l’avion, une pensée. Un week end à Berlin, mais sans minimal. Aurai-je tout raté ? Aéroport. Pas la force d’aller voir la première du Kararocké de Nicolas Ulmann au Paris Paris, c’est l’heure de la descente. Dodo.

Merci à Perrine, la fille au téléphone bloqué.

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